L'an 2000.
Depuis le temps qu'on agite sa perspective, le voilà enfin à portée de fusil. Encore trois ans à tirer, les trois coups avant le lever de rideau, et apparition du troisième millénaire. Dans l'intervalle, des missions vont plancher ferme sur des projets de cérémonies d'ouverture. Certaines sont déjà constituées, plus ou moins officielles, et certainement plus ou moins inspirées. Entre-t-on dans un siècle comme on allume la flamme des Jeux Olympiques ? Peu importe, l'époque est aux commémorations et cela sert bien la cause du XXIe siècle. Car les conditions s'y prêtent : devant l'inflation des actes de barbarie, la grande peur de l'An Mille n'a jamais trouvé d'aussi frappants motifs de réactualisation. C'est fou comme on a besoin de commémorer. Malraux « panthéonisé » est-il plus grand que Malraux ? A voir. En règle générale, si le devoir de mémoire existe, il n'explique pas tout. Il y a aussi une manière de se rassurer, de vouloir se ressourcer le grand mot à la mode et une façon plus insidieuse de se dire que finalement, c'était mieux hier. Les siècles passent, le conservatisme reste.
Frédéric de Monicault