Les activistes de l'Internet
par Laurent Caron ¤
L'UTILISATION de l'Internet pour défendre les Droits de l'homme est apparue au grand jour au moment de la croisade pour la liberté d'expression sur le réseau mondial. Les activistes ripostaient au gouvernement américain qui voulait mettre de l'ordre dans l'univers informatico-libertaire.
Une bataille symbolisée par un ruban bleu incrusté sur les écrans du monde entier. Les internautes ont brandi le premier amendement de la constitution, et la justice leur a donné raison. Mais que veulent les activistes ? Professionnels des libertés individuelles, ils sont animés par un fort élan contestataire. Ils ont pris d'assaut le grand terrain vague électronique et l'utilisent comme un média traditionnel pour mener leurs actions. C'est certain, le phénomène est essentiellement américain mais l'onde de choc est mondiale. Une force de frappe médiatique qui n'est pas sans inquiéter les Etats.
Les activistes ont une conception absolue de la liberté d'expression. Arrêter les criminels de guerre en Bosnie, faire campagne pour l'environnement, demander la grâce de Mumia Abu-Jamal, il s'agit toujours de faire pression sur les gouvernements. Des pétitions électroniques arrivent par fax chez les décideurs du monde entier et les fameux forums de discussion n'ont pas de tabou. L'activiste des réseaux dispose en outre de véritables trousses à outils idéologiques et d'offres d'emplois très ciblées. La toile d'araignée mondiale devient ainsi un immense creuset où aucune cause ne se perd.
Les Etats ont-ils de bonnes raisons de s'inquiéter ? Le fait est que certains activistes ont la trempe de ceux que l'on ne laisseraient pas sans surveillance sur la terre ferme. Au prix de la liberté d'expression, ils frappent à la porte de tous les abus. Le climat insurrectionnel qui règne parfois sur le réseau, comme certains commerces qui y prennent cours n'ouvrent pas la voie de la démocratie électronique.
Ceci dit, le réseau mondial n'est encore qu'un phénomène informationnel, qui inquiète les conservateurs. La délinquance et la subversion sont ailleurs. D'autant plus que les Etats ne sont pas démunis. Les internautes activistes sont en liberté surveillée. Ils laissent derrière eux des traces informatiques sur lesquelles sont mobilisées les services de renseignements des pays riches. Et c'est facilement qu'ils pourraient se laisser prendre au piège d'un véritable ghetto électronique.